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Alexandre François Debain

Alexandre François Debain

Alexandre François DEBAIN, naît le 6 juillet 1809 à Paris. Fils de François Théodore (1780-1840), peintre éventailliste et de Marie REITZ (1785-1813), deux aînés vivent déjà au foyer : Joseph Théodore (1804-1853) et Antoine Edouard né l’année précédente. Deux autres enfants les rejoignent bientôt : Noël Jules (1811-1818) et Barthélémy Eugène (1813-1830). Epuisée, Marie REITZ décède cette année-là. En 1815, une petite Flore Prudence naît au foyer, sa mère Marie Anne GARREAU (1786-1854) donnera encore naissance à cinq autres enfants dont deux jumeaux : André Adolphe (1823-1899) et Joseph Edouard (1823-1885).

La petite enfance d’Alexandre François est ainsi marquée par une vie familiale mouvementée au milieu d’une dizaine de frères et sœur et des décès de sa mère et de son frère cadet. Il doit ainsi affirmer sa personnalité tout en se forgeant ce caractère inflexible que nous lui connaissons. Nombre de ses inventions porteront la marque des impressions accumulées au cours de ces premières années. L’ouverture et la fermeture de l’éventail, comme le va et vient de son utilisation quasi magique, lui inspireront les mécanismes du Modulaccord, du tricycle à pédales ou du levier locomoteur. La vision des belles dames agitant leurs éventails comme les oiseaux exotiques multicolores d’une volière le conduira à construire ce fameux oranger mécanique au début de sa carrière.

Dès l’âge de 12 ans Alexandre François doit entrer en apprentissage dans des métiers complémentaires à la profession de son père : l’orfèvrerie puis l’ébénisterie et enfin, il intègre l’atelier d’un fabricant de claviers. En 1825, il continue à se spécialiser dans la facture d’instruments de musique. Ses maîtres le tiennent informé des dernières innovations. Sa passion pour la mécanique le fait remarquer par l’Abbé CABIAS (né en 1794) alors qu’il est apprenti chez PAPE (1789-1875). L’abbé Cabias avait déposé un brevet pour exécuter le plain-chant sur l’orgue sans être musicien en 1830 accordé en 1831. Ce brevet consistait à écrire la musique sous forme de graphique et précisait sommairement comment construire un mécanisme à poser sur le clavier pour former des accords. C’est Alexandre François qui met au point ce système d’orgue simplifié, en deux temps, au sortir de son apprentissage chez Pape fin 1833 avant que Cabias ne s’associe à Daublaine pour l’exploiter en février 1834. Debain qui n’était pas particulièrement formé à la musique puise à la fois chez l’Abbé un grand réconfort et une nouvelle source d’inspiration. La partition graphique déroulante lui inspire le Stenographone (issu également du Stenographe d’Eisenmenger) et divers mécanismes à poser sur le clavier pour jouer automatiquement comme le Symphonium (à rouleaux) ou l’ Antiphonel (à planchettes).

La générosité supposée de l’Abbé permet à Alexandre de fonder en 1834 à la fois sa première fabrique de pianos et sa famille en épousant Jeanne Charlotte Céléstine LEGRIS (1811-1846), la fille d’un fondeur. Ce sera là une nouvelle source d’inspiration pour Alexandre qui déposera un brevet pour un cadre de piano en fer forgé et un autre pour des ornements en fonte qui serviront à décorer de nombreux instruments (pianos « Boulle », leviers et manivelles d’Antiphonel, étiquetttes d’Harmonina). Les fonds du facteur, de son épouse, les revenus de la manufacture et la création d’une société Alexandre Debain & Cie ne suffisent pas à assurer son fonctionnement : c’est la faillite en novembre 1836. Le 11 juin 1837, c’est la naissance du premier enfant du couple prénommé Charles Louis.

Le 28 novembre 1839, Alexandre LRGRIS, frère de l’épouse de Debain dépose un brevet pour un petit instrument inspiré de l’accordéon nommé « organino ». Pendant ces longs mois, Alexandre Debain travaille à la réalisation de son oranger aux oiseaux qu’il réussira à vendre à un anglais fortuné, avec une vingtaine d’ouvriers, il travaille pour une clientèle de marchands. Le 25 décembre 1840, le père d’Alexandre décède.

Après une relative liberté d’action retrouvée grâce à l’obtention d’un concordat Le 20 mai 1842, Debain dépose le 6 juin son copieux brevet dans lequel il expose pêle-mêle toutes les améliorations potentielles qu’il entrevoit pour la facture d’orgues expressives à clavier et à cylindres. Le 5 septembre, il rachète le brevet de l’ « organino » à son beau-frère et, fort de son bon droit, intente le 16 novembre un procès à la plupart de ses concurrents qui avaient constitué une partie de sa clientèle quelques mois plus tôt. Le 6 décembre, il retire sa plainte contre les deux plus puissants d’entre eux (FOURNEAUX et DUBUS). Léon MARIX et François BRUNI restent les seuls mis en cause, ils seront d’ailleurs condamnés par la justice.

En 1844, Debain remporte une médaille de bronze à l’exposition nationale de Paris pour ses harmoniums désormais parvenus à un point de relative perfection avec l’expression, le sommier à cases et son ouverture par charnières, les demi-registres coupés et les larges pédales. Cette période relativement faste s’achève le 21 mai 1846 par le décès de son épouse Jeanne Charlotte Célestine.


Le 18 novembre 1847, Alexandre épouse une jeune veuve de 20 ans Hortense Adolphine ROUSSEL-PERS (1827-1895) qui a perdu son époux Edmé RONDEAU la veille de Noël 1845 après la naissance de leur fils Edmond Edouard à peine 9 jours plus tôt. Leur premier enfant Jules Emile naît le 13 octobre 1850. C’est le début d’une période de succès remportés dans les diverses expositions à Paris, Londres puis New-York soigneusement rapportés sur les plaques des instruments. En 1851, Alexandre lance son Harmonicorde, réunion en un seul instrument de l’harmonium et du piano assez aboutie pour susciter des œuvres spécifiques de la part de quelques grands compositeurs. Le 26 octobre 1853, c’est la naissance de Georges Aristide, second enfant du couple. Joseph Théodore, frère aîné d’Alexandre décède cette année-là En 1854 le décès de sa belle-mère Marie Anne GARREAU précède l’ouverture de l’immense hall d’exposition de la Place Lafayette l’année suivante. Le 12 septembre 1855 c’est le décès de Fanny Mélanie VALLET l’épouse de Joseph Théodore. On ignore si elle était apparentée avec Adélaïde VALLET l’épouse de Joseph ALEXANDRE, le facteur d’accordéons. Devenu fournisseur de S.-M. l’Empereur en 1853, il le devient en 1856 pour S.-M. la Reine d’Angleterre.

Le 11 février 1860, Alexandre François est fait chevalier de la légion d’Honneur après avoir été réhabilité de sa faillite de 1842 en août précédent. A partir de 1863, la construction d’une usine à Saint Ouen lui fait économiser 15 à 20 000 Francs par an en s’installant hors de Paris. Il peut y employer jusqu’à 600 ouvriers. En 1866, il fait même ouvrir une rue en terre à son nom pour desservir les abords de la manufacture, le 14 avril il déclare le décès de sa belle-mère, Florence Augustine Roussel.

A l’exposition universelle de 1867, Debain est appelé pour faire partie du jury, il est donc placé Hors Concours. Le 27 mai 1869, Edmond Edouard Rondeau, fils de sa seconde épouse qu’il a élevé avec elle et qui est devenu lui aussi facteur de pianos épouse Marie Henriette Alexandrine THIERY. Cette dernière décède sans doute des suites d’un accouchement l’année suivante. L’année 1870, Alexandre dépose un nouveau brevet pour « Aspirophone », sorte de « reed-organ » déjà imaginé par l’Abbé VALLA de Charlieu en 1846.

Vient alors le temps des mariages :

11 février 1874 Edmond Edouard RONDEAU, facteur de pianos, épouse Blanche Palmyre Henriette CAILLE.

29 avril 1875 Jules Emile, lui aussi facteur de pianos épouse Mathilde Gabrielle BADOU.

20 avril 1877 Marie Henriette Hortense épouse Guillaume Léon Marie Louis TOURSEILLER.

Puis, le 3 décembre Alexandre François DEBAIN quitte cette vie. Ses deux demi-frères jumeaux nés en 1823 : André Adolphe et Joseph Edouard ont acquis une belle réputation dans leurs métiers respectifs la joaillerie et l’orfèvrerie.

« Debain, doué d’une facilité prodigieuse à imaginer des mécanismes et à les combiner, a réalisé le type constitutif de l’harmonium, dans ses grandes lignes, laissant à d’autres génies inventifs le soin de compléter et de parfaire son œuvre. » (Alphonse MUSTEL -1903)


On lui doit le dépôt du brevet de l'harmonium, en 1842.

Les harmoniums Debain[]

Dans la transformation de l’orgue expressif, Alexandre-François Debain a joué un rôle capital, et nul plus que lui, n’a donné une plus grande extension aux ressources de cet instrument, qui parut si borné de prime abord. En ouvrant son atelier (1834) après avoir travaillé dans diverses maisons à la construction de pianos et pièces mécaniques, Debain faisait breveter un nouveau système de mécanisme de piano ; deux ans après il faisait un piano droit de forme nouvelle qu’il appela piano-écran à clavier mobile. Puis ce fut un nouveau système de piano de concert (1847) et le piano mécanique ou à manivelle (1848-53) qui fit fureur à l’époque en France et à l’étranger et dont le succès n’était pas encore épuisé en 1862, car il fut une des attractions de l’exposition de Londres. Dans l’intervalle, A Debain avait fait d’autres découvertes certainement plus utiles, parmi lesquelles il en est une qui lui crée un titre à la postérité : l’invention de l’harmonium (1842). Il avait préludé à cette création en imaginant le concertina (1838), dont le défaut principal était comme celui de l’orgue expressif, duquel il dérive, la monotonie du timbre. Debain parvient à y remédier en donnant aux anches diverses épaisseurs, ((p 239)) et en plaçant dans des cases sonores de différentes formes et proportions, de façon à reproduire les effets des tuyaux d’orgues, hautbois, bassons, clarinettes, etc. Le brevet qu’il prit en 1842 énumère une longue suite de découvertes ingénieuses, adoptées en grande partie par la facture d’orgues expressives.

Ces instruments n’avaient eu jusqu’alors qu’un seul jeu de 6 octaves au plus, non seulement Debain augmenta ce nombre comme nous venons de le dire, mais il trouva le moyen de faire parler plusieurs jeux (de un à 20) par la même touche et cela sur 6 ou 7 octaves. Dans le but de parer au reproche que l’on faisait à l’orgue expressif de produire des sons courts et secs, il adapta des cordes tendues sur une table d’harmonie comme pour le piano, lesquelles étaient mises en vibration par l’ébranlement des anches. Debain eut aussi l’idée de garnir de baudruche des trous percées au sommier, pour modifier le timbre des anches de certains jeux et de joindre à l’orgue un jeu d’harmonica en verre ou de timbres de cloches, ressorts, etc., frappé par un marteau, ainsi que de faire des instruments à 3, 4, ou 5 claviers. Peu après (mars 1843) une importante amélioration était appliquée à l’harmonium par Debain : l’expression par la suppression momentanée du réservoir d’air et la communication directe du soufflet avec les anches, qui devinrent dès lors sensibles aux divers mouvements des pédales. On put donc obtenir à volonté, des sons détachés ou soutenus, forts ou faibles, augmentés ou diminués, par la seule action des pieds. Signalons encore quatre autres modifications de détail qui ((p 240)) datent de la même année. L’une, par laquelle le clavier était rendu mobile et s’ouvrait à charnière pour faciliter la recherche des dérangements qui pouvaient survenir (disposition analogue à celle du clavier du poïkilorgue de Cavaillé-Coll (1834) ; il s’ouvrait à la manière d’un livre.) ; l’autre, portant sur une nouvelle disposition des boutons de registres, placés au-dessus du clavier (ils avaient été jusque-là sur les cotés), et l’inscription du nom du jeu sur les boutons avec l’indication en notation musicale de son étendue, lesdits boutons n’ayant porté jusqu’alors qu’un numéro ; la troisième, consistant en un nouveau sommier dont les cases avaient à peu près la forme d’une coquille de noix allongée ; et la quatrième, en un nouveau registre à pédale pour ouvrir les jeux, chacune des anches était jointe, dans le principe, à un corps sonore en forme de cône, de tulipe ou de pavillon, de différentes dimensions, selon la hauteur des sons. Avec l’augmentation du nombre de jeux, ces corps sonores devinrent bientôt encombrants ; Debain remédia à cet inconvénient en plaçant plusieurs anches sur un même corps et même en ne faisant qu’un seul corps formant boite pour un jeu entier (1844).

En même temps, il fit connaître son piano-harmonium et le panharmonium réunissant tous les systèmes perfectionnés. Il semble qu’à l’exposition qui suivit (1844) le jury n’ait pas compris toute l’utilité de ces découvertes, car tout en reconnaissant l’habileté de l’inventeur et la variété ((p 241)) des effets de son nouvel instrument, il constata que l’avantage n’était obtenu «que par un peu de complication dans le mécanisme », et ne lui accorda qu’une médaille de bronze ; il revint toutefois sur cette appréciation en 1849, en lui décernant une médaille d’argent ; et depuis, le temps est venu donner raison à l’ingénieux facteur.

Le Symphonium, inventé en 1845, était un acheminement vers l’harmonicorde (1851), combinaison de l’harmonium et du piano formant un «magnifique instrument aux sons délicieux » suivant un écrivain, et produisant avec beaucoup de bonheur, suivant un autre, «une imitation de la harpe accompagnant des instruments à vent ». Esprit fécond, A Debain a encore inventé l’antiphonel(1846), mécanisme s’adaptant facilement sur les claviers pour produire automatiquement l’accompagnement des chants liturgique, dans les églises dépourvues d’organistes, qui lui donna l’idée du piano mécanique (L’antiphonel Debain. Paris, 1873. Le Piano mécanique. Id. 1871.). Tous ces travaux apportèrent profit et gloire à leur auteur : médaille d’argent en 1851, de deuxième classe, à Londres en 1851, de 1ere classe, à Paris, en 1855 et à Londres, en 1862 ; il avait été nommé chevalier de la légion d’honneur le 11 février 1860, il fit membre du jury en 1867, époque à laquelle sa manufacture occupait 600 ouvriers. Al. Debain est mort en novembre 1877 à la veille de l’exposition et n’a pu recevoir la médaille d’or attribuée à ses produits. Un superbe spécimen ((p 242)) de la facture de cet ingénieux inventeur, chef-d’oeuvre de mécanique, est entré depuis peu au Conservatoire des Arts-et-Métiers ; c’est un harmonium à 4 claviers analogue à celui qu’il exposa en 1867 et qui était composé de 50 jeux et ne comprenait pas moins de 3050 anches.

  • Source : Les facteurs d'instruments de musique - Pierre Constant -1893

Documents[]

Quelques harmoniums[]

L'extraordinaire_Harmonium_Debain_de_Pommiers_en_Forez_par_Jean-Luc_Perrot

L'extraordinaire Harmonium Debain de Pommiers en Forez par Jean-Luc Perrot

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